Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous. Je vais voir Léon et Mlle Gâteclair qui viennent d’arriver à Versailles.


C’est drôle, Léon est convaincu que les Français ont été vainqueurs. Je ne sais pas comment il s’arrange, mais c’est comme ça. Il admet bien qu’en définitive nous sommes battus, mais battus sans l’être, battus avec le beau rôle, battus pour la forme. Il prétend qu’au fond, en poussant jusqu’au bout l’examen des faits, en approfondissant la question, il est impossible de douter de notre succès définitif. C’est un succès moral, ce succès-là ; mais enfin c’est un succès ― et le plus grand.

― Crois-tu, par exemple, me demande-t-il, que Paris en deuil, silencieux et digne, assistant avec une hauteur méprisante à l’entrée des Prussiens, n’a pas remporté sur l’ennemi une grande victoire morale ?

Je n’en sais rien.

― Et puis, vois-tu, continue Léon, dans cette guerre, nous nous sommes conduits autrement que les Prussiens. Ils ont agi en barbares, et nous en chevaliers. Ah ! si nous n’avions pas été trahis !… Tiens ! regarde ce morceau de pain noir que nous avons fait encadrer. Regarde-