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allées nouvelles ont été ouvertes avec la hache pour livrer passage aux obus.

Partout la mort, la dévastation. Saint-Cloud est presque complètement brûlé. Les murs des maisons restées debout sont percés de meurtrières et garnis de créneaux, des tranchées sont creusées dans les jardins et des arbres fruitiers ont été coupés par le milieu et aiguisés comme des piques pour hérisser les abords des retranchements. Des barricades ont été élevées avec des meubles, des charrettes, des voitures de ferme, des charrues. Les ponts ont sauté. À Sèvres, dans le quartier qui avoisine la Seine, les maisons sont éventrées par les bombes. Et, comme nous passons, des soldats vendent publiquement aux enchères les meubles des habitations désertes : il y a là des convoyeurs prussiens qui ont arrêté leurs fourgons chargés d’objets volés, ― et des brocanteurs français.

Ah ! oui, c’est beau ; ça fait partie du programme de la guerre, tout ça. Et ce qui en fait partie, aussi, c’est l’entrée de l’armée victorieuse dans la capitale ennemie. Les Allemands ne l’ont pas oublié. Nous avons appris, le 25 février, qu’ils doivent