Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/280

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— Eh bien, ce matin, chez elle, en brisant les scellés, on a découvert un testament, un nouveau, datant de huit jours, qui institue ton grand-père ― le père Toussaint ― légataire universel !

Mon père hurle les derniers mots. Il compte sur un effet. Mais je ne bronche pas.

― Légataire universel ! Entends-tu ? Comprends-tu ?… Et le dernier testament annule l’autre… l’autre, qui vous laissait une fortune à chacun ! quinze mille francs de rente. Comprends-tu, hein ?… Et vous n’avez plus rien ! rien ! rien !… Et le père Toussaint a tout ! tout !… Comprends-tu ?… Comprends-tu que vous avez été volés, ta sœur et toi ? Indignement, atrocement volés !… Et ta tante avait dû te prévenir de ça ! Elle t’en avait prévenu, j’en suis convaincu ! Moralement convaincu !… Et tu aurais dû venir nous prévenir, nous avertir immédiatement, sans perdre une minute !… Je serais accouru ! J’aurais fait déchirer ce testament ! Et vous auriez eu l’argent, tout l’argent !… Et, au lieu de cela, tu t’en vas chez ton grand-père, tu restes deux heures chez lui, tu te laisse entortiller par cette vieille canaille… Allons, Jean, voyons, si tu as un peu de cœur, mon petit Jean, dis-nous