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tement. Ma sœur est furieuse contre lui. Elle prétend qu’il n’a jamais été Français et qu’il pourrait très bien être vendu aux Prussiens.

― On a vu des choses plus drôles, dit M. Zabulon Hoffner en branlant le menton.

Et Mme Arnal s’écrie :

― C’est un vieux rossignol à glands !

Parfois, lorsque nous n’avons pas d’Allemands à loger, Louise se met au piano et attaque la Marseillaise en sourdine. M. Hoffner l’accompagne.

Il chante comme une serrure.


Mais, tout à coup, la nouvelle de la reddition de Metz se répand. Les Allemands affirment que Bazaine a capitulé, le 28 octobre, et a mis bas les armes avec cent soixante-dix mille hommes. Ils illuminent la préfecture et, le soir, des retraites aux flambeaux parcourent la ville. Un journal rédigé en français par des Prussiens et auquel, dit-on, collabore le chancelier, donne les détails les plus circonstanciés sur la capitulation. Malgré tout, on refuse de croire au désastre.

― Il faudrait être fou, dit M. Legros, pour