Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Sans aucun doute. Vous êtes une des unités qui constituent le peuple souverain, vous avez droit de suffrage, vous pouvez choisir vos mandataires…

― Et si ces mandataires me trompent ?

― Il faut les flanquer dehors.

― C’est commode à dire.

― Et à faire.

― Et s’ils déclarent la guerre sans mon assentiment ?

― Alors, il ne faut pas crier : « À Berlin ! » Il faut crier : « Vive la paix ! »

― Je ne suis pas socialiste, moi.

― Tant pis pour vous.

― Tenez, laissez-moi tranquille, conclut mon père, furieux.

Et il ne dérage pas de toute la soirée ― à moins que M. Zabulon Hoffner ne vienne nous faire une visite. ― Il prend une influence de plus en plus grande sur l’esprit de mon père, ce Luxembourgeois. Ils ont souvent de longues conversations ensemble, des conversations à voix basse. Quelquefois, j’en saisis des bribes :

― Il n’y a pas qu’avec les Français qu’on puisse gagner de l’argent… Après tout, les hommes sont des hommes… Il y a peut-être