Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


― À mon âge, vois-tu, ça frappe rudement des événements pareils…

Pourtant, assure-t-elle, les Allemands ne sont pas trop méchants. Le commandant lui-même, malgré ses allures brutales, ne manque point de politesse.

Justement, il vient de rentrer, avec ses hommes, et l’on entend ses bottes sonner sur les dalles de l’antichambre. Il entr’ouvre la porte du petit salon où nous nous trouvons et passe sa tête dans l’entre-bâillement.

― Ne vous inquiétez pas, madame, dit-il à la tante Moreau, à cause des coups de feu que vous avez pu entendre. Rien de sérieux absolument. Un bûcheron, dans la cabane duquel nous avons trouvé un vieux fusil, et que nous avons passé par les armes.

Il salue et se retire. Ma tante frissonne. Tout d’un coup, je la vois pâlir, ses yeux se ferment, sa tête se renverse sur le dossier de son fauteuil. Elle se trouve mal.

― Justine ! Justine !

La femme de chambre accourt avec la cuisinière et Germaine, qui vient me chercher, arrive presque au même moment. Les trois femmes prodiguent leurs soins à ma tante ;