Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur calotte sans visière, ils ne sont pas trop vilains. Les shakos de la landwehr sont à peu près pareils à ceux ne nos gardes nationaux, mais ils sont beaucoup plus grands : une poule pondrait dedans pendant six mois sans les remplir. Les pantalons des cavaliers m’étonnent : ils sont basanés très haut, beaucoup plus en cuir qu’en drap. En somme, la tenue est trop sombre, pas élégante pour un sou ; pas de dorures, pas d’aiguillettes, d’épaulettes, de clinquant, de panaches.

Les officiers eux-mêmes sont vêtus très simplement ; ils sont coiffés d’une casquette plate à visière et portent presque tous au bras droit un brassard d’ambulance. Ils ont une vilaine habitude : c’est de ne jamais accrocher leurs sabres et de les laisser traîner derrière eux sur les pavés, avec un grand bruit de ferblanterie. Les aveugles doivent se figurer qu’on a attaché des casseroles à la queue de tous les chiens de la ville.

J’ai vu les fameux fusils à aiguilles, les canons Krüpp, les singulières voitures à échelles ; j’ai été voir l’abattoir qu’on a installé à la gare, les postes de police qu’on a installés un peu partout, les canons pris sur les Français,