Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/169

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vieille bonne femme comme moi ? Il faudrait être bien méchant pour me faire du mal. »

― Pauvre tante, fait Louise en s’essuyant les yeux.

― Je souhaite, dit mon père…

Mais un coup de sonnette nous fait tressaillir. Nous regardons à la pendule : midi et demi. Nous n’attendons personne à cette heure-là…

Qui peut sonner ? Qui peut avoir sonné ? Ouvrira-t-on ? N’ouvrira-t-on pas ?

Nous nous consultons. Enfin, je suis chargé d’aller regarder, avec précaution, par une fenêtre des mansardes, quelle est la personne qui se présente à notre porte. Je grimpe l’escalier, j’entr’ouvre la lucarne sans faire de bruit, je me penche et j’aperçois M. Legros. Il n’a plus son uniforme ; il est en civil. Il m’a même l’air de trembler très fort ; il regarde anxieusement dans toutes les directions. Je redescends et je vais lui ouvrir la porte.

― Eh bien ! vous connaissez la nouvelle ? demande-t-il en entrant, d’une voix chevrotante qui trahit une profonde agitation intérieure. Les Prussiens sont dans la ville… c’est-à-dire une avant-garde… des parlementaires…