Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/142

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plafond comme s’il cherchait la barre d’un trapèze ; ma sœur, tout ébouriffée, se dissimule derrière un fauteuil où le père Merlin, très tranquille, est assis, les jambes croisées.

― Oui, c’est infâme ! infâme ! C’est moi qui vous le dis !

Et mon père, dans une attitude de faiseur de poids, les jambes écartées, le bras droit tendu, semble menacer M. Pion, appuyé au mur, les mains dans ses poches. C’est à M. Pion qu’on en veut. Pourquoi ? Je ne l’ai pas vu à la maison depuis quelque temps. Qu’a-t-il fait ? Pourquoi est-il pâle comme ça, si pâle qu’on dirait qu’il a la colique ? Je me glisse derrière le canapé.

― Réellement, monsieur Pion, vous me scandalisez ! s’écrie M. Beaudrain. Oser prétendre que Badinguet…

― Voulez-vous dire l’Empereur, nom de nom ?… rugit M. Pion.

― Badinguet ! Badinguet ! hurle le marchand de tabac.

― … oser prétendre que l’ex-Empereur, continue le professeur en hochant la tête, ne s’est rendu à Sedan que pour sauver son armée !