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morceaux que de faire du tort à mon prochain… N’empêche que la commune n’est guère en sûreté entre les mains d’un gueux pareil.

Dubois est un gueux, évidemment. Et la preuve, c’est qu’il a réussi à empêcher mon grand-père de s’adjuger un grand morceau de pré qui fait suite à son verger et que le bonhomme convoite depuis longtemps. Il prétend audacieusement que ce pré fait partie de sa propriété et il a essayé plus de dix fois de mettre la main dessus ; il était même arrivé, du temps de l’ancien maire, à en faire couper le foin régulièrement et à le serrer dans son grenier. Mais, depuis que Dubois est au pouvoir, il lui est formellement interdit d’y faucher le moindre brin d’herbe ; Dubois vient même de prouver, dernièrement, que le pré appartient bel et bien à la commune, et il a fourni des pièces qui établissent le fait.

— Ce sont des faux ! hurle mon grand-père ; des faux abominables !

Et, comme nous passons, après déjeuner, pour nous rendre chez la tante Moreau, devant la ferme de son ennemi, il ne peut s’empêcher de crier :