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Anglais ne s’est jamais élevée pour demander l’affirmation de nouveaux principes, l’établissement de lois nouvelles ; mais le cri public a toujours réclamé une meilleure observation des lois en vigueur avec le redressement des torts nés de leur corruption ou de l’oubli qu’on en faisait. Jusqu’à ce que la grande Charte eût été arrachée au roi Jean, on réclama les lois du bon roi Édouard ; et lorsque le tyran, malgré lui, eût apposé son sceau à cette œuvre capitale, fondement de toutes nos lois postérieures, on se borna à exiger la stricte observation d’une Charte qui passait elle même pour n’être rien autre chose que la Constitution d’Édouard sous une forme nouvelle. Nous avons fait des changements de temps en temps, mais ces changements ont été à la fois un acte de conservation et de progrès : un acte de conservation parce qu’ils étaient un progrès, un progrès parce qu’ils conservaient. »

Les xiie et xiiie siècles peuvent cependant être considérés, dans l’histoire constitutionnelle de l’Angleterre, comme la période d’enfantement de ses institutions politiques. La Charte des libertés, en 14 articles, donnée par Henri Ier l’année de son avénement au trône (1100), est le point de départ de cette période, à laquelle on pourrait donner le nom de période des Chartes. Nous indiquons ici dans l’ordre chronologique ces monuments précieux de l’histoire de l’Angleterre au nombre de 19 :

1100. — Charte des libertés, de Henri Ier.

1136. — Charte d’Etienne (Carta Stephani regis de libertatibus Ecclesiæ anglicanæ et regni).

1154. — Charte des libertés, donnée par Henri II le jour de son couronnement (simple confirmation de la Charte donnée par son père).

1164. — Constitutions de Clarendon (sur les affaires ecclésiastiques).

1214 (1er nov.). — Charte du roi Jean sur la liberté des élections ecclésiastiques (Carta regis Johannis ut electiones ecclesiæ sint liberæ in Anglia).

1215 (15 juin). — Grande Charte du roi Jean (Magna carta libertatum, seu Concordia inter regem Johannem et Barones pro concessione libertatum ecclesiæ et regni Angliæ).

1216 (12 nov.). — Confirmation de la Grande Charte par Henri III, avec une première modification de son texte.

1217. — Seconde modification du texte de la Grande Charte, par Henri III.

1217 (6 nov.). — Charte des forêts.

1225 (11 févr.). — Troisième et dernière modification du texte de la Grande Charte, par Henri III.