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AFRICAINE.

parurent encore debout sur leur tombeau flottant ; et tendant leurs mains suppliantes vers les embarcations qui fuyaient, elles semblaient invoquer pour la dernière fois, les noms des lâches qui les avaient trompés. Ô jour affreux ! jour de honte et d’opprobre ! Hélas ! les cœurs de ceux qui seuls pouvaient sauver tant de malheureux, furent inaccessibles à la pitié !

Témoin de cette scène plus que barbare, et voyant qu’on était insensible aux cris et aux lamentations de tant de malheureux, je sentis mon cœur se déchirer de douleur. Il me sembla que les vagues venaient d’engloutir tous ces infortunés, et je ne pus retenir mes larmes. Mon Père exaspéré à l’excès, bouillonnant de colère de voir tant de lâcheté et d’inhumanité dans les chefs des Canots, commença à regretter de n’avoir point accepté la place qu’on nous avait destinée sur le fatal