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AFRICAINE.

mer immense, et n’ayant pour toute demeure que les débris d’un vaisseau échoué, cette multitude adresse d’abord ses vœux au ciel, et oublie, pour un instant, les choses terrestres ; mais de nouveaux souvenirs se réveillent bientôt : chaque individu, sortant de son état léthargique, pense à ses richesses, aux marchandises qu’il a en pacotille, et oublie les élémens qui le menacent. L’avare, pensant à l’or que contient son coffre, se hâte de le mettre en sûreté, soit en le cousant dans la doublure de ses habits, soit en s’en formant une large ceinture ; celui-ci flibustier de profession, s’arrache les cheveux de ne pouvoir sauver une caisse de contrebande qu’il avait embarquée secrètement, et sur laquelle il espérait gagner deux ou trois cents pour cent. Un autre, égoïste à l’excès, jette son couvert d’argent à la mer, et s’amuse à faire brûler tous les effets qui lui appartiennent ; cet