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LA CHAUMIÈRE

fut convaincu, plus que jamais, que la Frégate était perdue sans ressource. Hélas ! ce naufrage n’était pour notre malheureuse famille, que le commencement d’une affreuse suite d’infortunes. Les deux chefs alors décidèrent d’un commun accord, que tout le monde s’embarquerait à six heures du matin, et qu’on abandonnerait la Frégate à la fureur des flots. À cette décision succéda la scène la plus bizarre et en même tems la plus triste qu’on puisse imaginer. Pour s’en faire une idée, que le lecteur se transporte en imagination au milieu des plaines liquides de l’Océan : là qu’il se représente une multitude d’hommes de toutes les classes, de tous les âges, balancés au gré des flots sur un vaisseau démâté, brisé, et à demi-submergé ; qu’il n’oublie pas surtout que ces êtres pensans sont presque certains de toucher au terme de leur existence.

Séparée du reste du monde par une