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LA CHAUMIÈRE

des cris de vengeance se font entendre. On veut jeter à la mer le principal auteur de notre perte ; mais des hommes généreux s’y opposent ; et en nous faisant espérer notre salut, ils tâchent de calmer l’irritation des esprits. La confusion était déjà si grande que M. Poinsignon, commandant la troupe, donne un vigoureux soufflet à ma sœur Caroline, croyant sans doute frapper un de ses soldats. Mon père était alors enseveli dans un profond sommeil, mais il ne tarde pas à s’éveiller. Les cris et le tumulte qu’il entend sur le pont, lui font pressentir notre malheur. Il y monte aussitôt, et adresse mille reproches à celui dont l’ignorance et la forfanterie nous étaient si funestes. On s’occupe cependant des moyens de nous tirer du danger. Les officiers, d’une voix altérée, donnent leurs ordres ; on croit voir à tout moment le bâtiment s’entrouvrir ; on travaille à le