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LA CHAUMIÈRE

une telle impression que je tombai en défaillance. Cependant nous crûmes devoir accepter les secours qu’il venait nous offrir, convaincus que c’était moins au gouverneur du Sénégal que nous en étions redevables, qu’au Gouvernement français dont il ne faisait que remplir les intentions.

Plusieurs jours se passèrent sans que l’on pût modérer ma douleur ; mais enfin nos amis me représentèrent que je me devais tout entière aux jeunes orphelins qui nous restaient, et auxquels j’avais promis de tenir lieu de mère. Je sortis alors de mon état d’indifférence, et me rappelant les devoirs que j’avais à remplir, je portai toute mon affection sur les êtres innocens que mon père m’avait confiés en mourant. Néanmoins je n’étais pas tranquille ; le désir de voir le lieu où reposait la dépouille mortelle de mon respectable père, me tourmentait.