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LA CHAUMIÈRE

étions contens et parfaitement résignés à notre sort, lorsqu’un officier anglais M. le major Peddie, vint nous visiter précisément, au moment où toute notre famille était à table. Cet officier étonné de voir un employé supérieur de l’Administration française, dîner avec un plat de Kouskou dit à mon père : « Comment Monsieur Picard ! vous êtes employé par votre Gouvernement, et vous vous nourrissez si mesquinement ? » Mon père mortifié, de ce qu’un étranger voyait notre misère, sentit couler ses larmes ; mais prenant aussitôt un ton ferme et assuré, il dit à l’officier anglais : « Sachez, Monsieur, que je ne rougis point de ma misère, et que vous avez tort de me la reprocher. Il est vrai que je ne peux pas me nourrir comme les autres Européens de la colonie, mais je ne me crois pas pour cela, plus malheureux. J’ai demandé à l’homme qui