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LA CHAUMIÈRE

obligés de marcher. Ce fut surtout alors, que ceux qui étaient pieds nus, sentirent vivement la perte de leurs souliers. Pour moi, déjà déguenillée d’une manière affreuse, je laissai dans les buissons plusieurs lambeaux de ma robe, et j’eus les pieds et les jambes tout en sang. Enfin après deux grandes heures de marche et de souffrances, nous arrivâmes au camp de la tribu à laquelle appartenaient nos conducteurs Arabes. À peine entrions-nous dans ce camp, que les chiens, les enfans et les femmes des Maures nous accablèrent de mille importunités. Les uns nous jetaient du sable dans les yeux, les autres s’amusaient à nous arracher les cheveux tout en feignant de vouloir les examiner ; ceux-ci nous pinçaient, ceux-là nous crachaient à la figure ; les chiens nous mordaient les jambes, tandis que de vieilles harpies arrachaient les boutons des habits de nos officiers,