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AFRICAINE.

vieillard nous firent peu à peu oublier que nous étions comme orphelines. Trop jeunes encore pour penser que l’état de bonheur dont nous jouissions sous la tutèle de notre aïeul, ne pouvait pas toujours durer, nous étions sans inquiétude sur l’avenir, et nos années s’écoulaient dans une parfaite tranquillité.

Nous vécûmes ainsi jusqu’en 1809, époque où la prise de la colonie du Sénégal par les Anglais, permit à notre père de venir retrouver sa famille. Mais quel changement pour lui en arrivant à Paris ! Épouse, domicile, mobilier, amis, tout avait disparu ; il ne lui restait que deux jeunes filles qui refusaient de le reconnaître pour leur père, tant nos jeunes âmes s’étaient habituées à ne voir et à n’aimer, dans le monde, que le respectable vieillard qui avait pris soin de notre enfance.

En 1810, notre père jugea à propos de