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oreilles du sourd et qu’il délie la langue du muet (Marc VII, 34) ; elle parle de ses soupirs profonds lorsque les Pharisiens demandent un signe (Marc VIII, 12). Ainsi encore, à la tombe de Lazare (Jean XI), nous voyons Jésus pleurer et frémir en lui-même à la vue de la puissance de la mort sur les esprits des hommes, et de leur incapacité à se délivrer eux-mêmes. Il a pleuré aussi sur Jérusalem quand il a vu la cité bien aimée sur le point de le rejeter au temps même de sa visitation (Luc XIX, 41). Tout cela, c’était la souffrance d’un amour parfait, traversant une scène de misère et de ruine, au milieu de laquelle la volonté propre et l’insensibilité des cœurs s’élevaient de toute part contre cet amour et tout son travail. Avec des heures bénies où l’âme du Sauveur, heureuse dans l’exercice même de son amour, contemplait pour un moment les campagnes blanches pour la moisson, il y avait là une source constante de douleurs ; — et ces douleurs, et cette joie qui les éclaire, Dieu en soit béni, il nous est donné dans notre petite mesure de les partager. Ce sont les souffrances de l’amour lui-même.

Mais un fardeau d’un caractère différent s’appesantissait souvent, je n’en doute point, sur l’âme du Seigneur pendant son séjour ici-bas : il en a été ainsi et il a dû en être ainsi, bien que tout encore ici ne soit que perfection dans une soumission bénie à la volonté divine. Ce fardeau dont je veux parler, c’était l’anticipation par le Sauveur, quand le moment en fut venu, de ses souffrances sur la croix, avec le poids oppressant de leur vrai caractère : dans le chemin de la vie, il devait rencontrer la mort. Il ne pouvait pas s’associer aux excellents de la terre, et les introduire dans une vraie et éternelle béatitude, sans passer par la mort et la mort comme le salaire du péché, car ils étaient des pécheurs. Si le grain de froment tombant en terre, ne mourait point, il demeurait seul. Mais dans ce chemin, personne ne pouvait entrer avec Lui, ses disciples pas plus que les Juifs, comme il le leur dit lui-même. Pour Jésus, la mort c’était la mort,