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iv
préface.

Peshito s’accorde bien plus avec lui qu’avec (B), et cette version est la plus ancienne que nous ayons, remontant à plus de 200 ans plus haut que les plus anciens manuscrits connus, soit à la fin du premier ou au commencement du deuxième siècle. Il n’en est pas ainsi de l’ancienne version latine, sous ses différentes formes : cette version, appelée assez incorrectement « Itala », se rapproche davantage du texte alexandrin. Mais ici un phénomène singulier se présente : un des anciens manuscrits de cette version, appelé Brixianus, est uniformément le texte reçu, pour autant que nous l’avons consulté, à une seule exception près. À quoi cela tient-il ? La Vulgate porte l’empreinte de nombreuses corrections d’après le texte alexandrin, quoiqu’elle ne suive pas toujours celui-ci.

Nous pouvons donc ranger les manuscrits alexandrins dans l’ordre suivant : א, B, Z, et L qui suit très-constamment B. Ensuite vient A et une longue série de manuscrits onciaux qui vont avec lui sans être aussi anciens et de la même valeur que les autres, en sorte qu’Alford dit seulement « A, etc. ». Une autre classe de manuscrits date du VIe siècle, auquel on attribue Z aussi. C est indépendant, et Porphyrius, qui dans les épîtres suit les alexandrins, mais se rapproche assez fréquemment du texte reçu et de A, dans les Actes en particulier, pour autant que nous l’avons examiné. D a une place à lui, quoique caractéristiquement alexandrin. Quand, dans les Évangiles, A et B vont ensemble, nous pouvons être assez sûrs de la leçon, en tenant compte sans doute des autres témoignages. Quand par contre on a d’un côté א, B, L, ou B, L, — et de l’autre A, etc., nous avouons que nous ne sommes pas absolument certains que B, L soient justes. Les manuscrits byzantins sont d’une date plus récente que les alexandrins ; ils sont généralement des VIIIe, IXe et Xe siècles, tandis que les premiers remontent aux IVe, Ve, VIe, VIIe et VIIIe siècles. Les variations du texte ne laissent en résultat rien d’incertain sur l’ensemble de ce texte, bien que dans quelques cas fort rares, des questions puissent s’élever sur certains passages isolés. Personne, que nous sachions, jusqu’ici, n’a pu donner l’histoire et le secret de ces variations : le phénomène reste non résolu.

Nous ne fournissons ici que des idées tout à fait générales sur ces points, renvoyant ceux qui veulent étudier le sujet aux livres et prolagomena, d’où, en nous en rapportant à notre mémoire, aussi bien que de la comparaison faite dans notre travail, nous avons tiré ce qui se trouve dans ces courtes remarques.

En résultat, tous ces savants ont aidé au perfectionnement du texte du Nouveau Testament, et en ont démontré la certitude. L’intervention des gens d’église, chose triste à dire, a été l’une des principales causes des textes douteux, en partie volontairement, en partie innocemment. On a voulu harmoniser les Évangiles ; et puis, avec moins de préméditation, à l’occasion de la lecture des différentes parties des Saintes Écritures dans le service public, on introduisit pour plus de clarté, des changements, tels que : « Jésus » pour : Il ou Lui ; on voulut accorder le texte de la prière dominicale de Luc avec celui de Matthieu ; on omit, si nous en croyons Alford et la plupart des autres éditeurs : « Premier-né » (Matth. I, 25), dans les manuscrits du Sinaï et du Vatican (et j’en parle parce qu’il s’agit ici des plus anciens manuscrits), parce qu’on craignit de laisser supposer ainsi que la mère de notre Seigneur a eu d’autres enfants ; — et ainsi pour d’autres erreurs de différents genres. — Tout cela cependant n’a amené aucune difficulté bien grande : d’autres manuscrits ou des versions plus