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ix
préface.

proprement un « heureux message », « de bonnes nouvelles apportées par quelqu’un ». Ainsi, quand Timothée a apporté à Paul de bonnes nouvelles de la foi et de l’amour des Thessaloniciens (1 Thess. III, 6), il est dit de lui qu’il a évangélisé à Paul la foi et l’amour des Thessaloniciens. D’un autre côté, ainsi que le mot Christ employé d’abord comme titre, dans le sens de « l’Oint », est devenu un nom-propre, de même, la bonne nouvelle par excellence, la bonne nouvelle de l’amour de Dieu et de son intervention en Christ pour sauver les hommes, est appelée « la bonne nouvelle », « l’évangile ». — Il importe que le lecteur, lorsqu’il rencontre ces expressions, ne perde pas de vue l’idée de la communication d’une bonne et heureuse nouvelle de la part de Dieu, et qu’il se souvienne aussi que le mot εύαγγέλιον, évangile, est employé pour désigner différentes bonnes nouvelles ou heureux messages. Quand, par exemple, il nous est parlé de « l’évangile du royaume », c’est-à-dire, de la bonne nouvelle, que Dieu allait établir son royaume sur la terre, il s’agit d’une bonne nouvelle toute différente de celle de l’intervention de Dieu en grâce pour le salut. Il faut remarquer aussi que, lorsque nous trouvons l’expression « l’évangile de Dieu », la Parole veut nous parler de Dieu comme de la source de la bonne nouvelle, tandis que, lorsque nous rencontrons celle de « l’évangile de Christ », Christ est présenté comme étant le sujet de cet évangile : d’autres locutions analogues ne passeront pas inaperçues pour le lecteur attentif. Nous devons ajouter que le mot εύαγγέλιον, évangile, n’est pas commun à tous les écrivains sacrés, et qu’on ne le trouve pas dans le texte grec de Luc, de Jean, de Jacques, ni de Jude. Pierre ne l’emploie qu’une fois. Dans Paul, ce grand héraut de la bonne nouvelle, nous le rencontrons, au contraire, très-fréquemment, mais avec des acceptions différentes. Matthieu s’en sert quatre fois, et toujours en le joignant aux mots « du royaume ». De tous les évangélistes, Marc est le seul qui emploie ce mot plusieurs fois dans le sens qui nous est le plus familier aujourd’hui, et ceci s’explique facilement par le fait que Marc s’occupe particulièrement de Christ comme annonçant la Parole, et qu’il ne fait aucune mention des circonstances qui ont accompagné la naissance du Sauveur, commençant par l’évangile lui-même, et terminant son récit parla mission que le Seigneur confie à ses disciples, sans donner, comme les autres évangélistes, un caractère particulier à cette mission. Il dit simplement : « Allez par tout le monde, prêchez l’évangile à toute la création. » Le lecteur remarquera toutefois que, même dans Marc, l’expression « évangile » n’est pas employée indépendamment de l’idée de la venue du royaume, car il est dit : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu s’est approché ; repentez-vous et croyez à l’évangile. » Cette venue du royaume est bien différente de la mort et de la résurrection de Jésus Christ, bien que ces événements aient eu lieu avant l’établissement du royaume, et que par le fait ils fussent nécessaires. Il est évident qu’avant leur accomplissement, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus ne pouvaient pas être prêchées comme bonne nouvelle ; on était appelé alors à croire à un Christ vivant. En résumé, et d’une manière générale, on peut dire que le mot évangile, ayant par lui-même la signification d’une bonne nouvelle apportée, sert à désigner la prédication de la vérité, aussi bien que la vérité prêchée, et que ce mot est employé tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre de ces deux sens. Ainsi l’examen du texte montrera, qu’il y a, soit dans Marc, soit dans les épîtres de Paul, quelques