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hébreu, précédées d’abord de l’impression des Psaumes, en 1477, et d’autres parties ensuite, remontent aux dernières années du XVme siècle.

Comme nous avons fait dans nos éditions successives du Nouveau Testament, nous avons ici, pour l’Ancien Testament aussi, abandonné les coupures en versets, sauf dans certaines parties poétiques où il pouvait y avoir une importance particulière à faire ressortir le rhythme hébraïque et son parallélisme. Les coupures dans les Proverbes se justifient d’elles-mêmes par le sens.

Pour le Nouveau Testament, écrit en grec, comme nous savons, les questions de texte sont plus complexes : mais ici aussi la grâce de Dieu et sa providence nous ont conservé les évidences les plus claires et les plus suffisantes quant au vrai texte à suivre. Les documents que purent utiliser les traducteurs des éditions de la Réforme (13 ou 14 manuscrits seulement), pour ne rien dire de la Vulgate latine sur laquelle sont faites de seconde main les versions catholiques, étaient très-restreints : cela n’empêcha par les Elzévirs de Hollande, qui avaient adopté le texte de Théodore de Bèze comme type de leurs nombreuses éditions, d’être assez hardis pour dire, dans la préface de celle qu’ils publièrent en 1633, que le texte qu’ils présentaient ainsi était textus ab omnibus receptus, le « texte reçu de tous ». Ce texte, appelé dès lors du nom de « texte reçu », a fait autorité jusqu’à nos jours au sein du Protestantisme : les traductions catholiques, comme nous l’avons dit, sont faites sur la Vulgate latine.

Les craintes des personnes qui appréhendaient que la foi fût ébranlée empêchèrent longtemps que la question de l’exactitude du texte ainsi présenté et accrédité fût soulevée. Mais la découverte de nombreux manuscrits, dont plusieurs fort anciens, l’étude de versions plus anciennes encore qu’aucun manuscrit, tous les travaux d’une multitude de savants qui ont examiné et comparé les textes et documents actuellement connus, en les classant d’après divers systèmes et en les jugeant chacun à son point de vue particulier, on servi à purifier le texte des fautes qui s’y étaient glissées par l’incurie ou la présomption des hommes et à en établir la certitude. La faiblesse humaine, sans doute, a laissé ses traces ici aussi comme partout où quelque chose a été confié à l’homme, mais la providence de Dieu a veillé sur sa Parole, en sorte que, malgré la différence des systèmes que les savants ont suivis pour la révision du texte, ils sont arrivés cependant à des résultats presque entièrement identiques. Un ou deux passages à part, les différentes éditions du texte grec qu’on a publiées sont d’accord entre elles presque partout, pour ce qui est des passages qui peuvent avoir quelque importance. Les variantes sont relativement peu nombreuses, d’un ordre secondaire, et souvent à peine saisissables dans une traduction.

Ces considérations feront comprendre pourquoi, dès notre première édition du Nouveau Testament publiée en 1859, et plus positivement dans les suivantes de 1872, 1875, 1878 et dans celle-ci, nous avons abandonné le texte appelé par les Elzévirs, sans aucun fondement acceptable, « texte reçu », — et pourquoi, pour la seconde édition, le traducteur s’est livré à l’étude approfondie du texte, travail dont ceux-là seuls qui l’ont entrepris connaissent l’étendue et les peines. Nous avons eu bien soin toutefois, et nous le devions au lecteur sérieux, de signaler, partout où la variante présentait la moindre importance, les leçons du texte ordinaire des anciennes versions de la Réforme.

Dans le volume que nous publions aujourd’hui le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver une œuvre scientifique ou une édition critique ; nous avons simplement cherché, par tous les moyens qui étaient à notre disposition, à lui fournir une traduction du texte aussi simple et littérale que possible. Nous avons mis notre confiance en la grâce de Dieu pour oser travailler à ce qui pouvait être utile aux âmes et tendre à glorifier Celui qui seul peut bénir. Qu’Il daigne mettre sa bénédiction sur sa propre Parole et sur vous-même qui vous en servez !

Pau, Mars 1885.