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yeux. J’entendis un léger murmure et une voix :
17Un mortel sera-t-il plus juste que †Dieu, l’homme sera-t-il plus pur que celui qui l’a fait ?
18Voici, il ne se fie pas à ses serviteurs, et ses anges il les charge de folie ;
19Combien plus à ceux qui habitent dans des maisons d’argile dont le fondement est dans la poussière, qui sont écrasés comme la teigne !
20Du matin au soir, ils sont frappés ; ils périssent pour toujours sans qu’on y fasse attention.
21Leurs cordes[1] ne leur sont-elles pas arrachées ? Ils meurent, et sans sagesse.
V. — Crie donc ! y a-t-il quelqu’un qui te réponde ? Et vers lequel des saints te tourneras-tu ?
2Car le chagrin fait mourir le sot, et la jalousie[2] tue le simple.
3J’ai vu le sot s’enraciner, et soudain j’ai maudit sa demeure ;
4Ses fils sont loin de la sûreté, et sont écrasés dans la porte, et il n’y a personne pour délivrer ;
5Sa moisson, l’affamé la mange, et jusque parmi les épines il la prend ; et le piège guette son bien.
6Car l’affliction ne sort pas de la poussière, et la misère ne germe pas du sol ;
7Car l’homme est né pour la misère, comme les étincelles[3] volent en haut.
8Mais moi je rechercherai *Dieu[4], et devant Dieu je placerai ma cause, —
9Qui fait de grandes choses qu’on ne peut sonder, des merveilles à ne pouvoir les compter ;
10Qui donne la pluie sur la face de la terre, et envoie des eaux sur la face des campagnes,
11Plaçant en haut ceux qui sont abaissés ; et ceux qui sont en deuil sont élevés au bonheur.
12Il dissipe les projets des hommes rusés, et leurs mains n’accomplissent pas leurs conseils.
13Il prend les sages[5] dans leur ruse, et le conseil des astucieux est précipité[6]:
14De jour, ils rencontrent les ténèbres, et en plein midi ils marchent à tâtons, comme de nuit.
15Et il sauve le pauvre de l’épée, de leur bouche, et de la main du fort ;
16Et il arrive au chétif ce qu’il espère, et l’iniquité a la bouche fermée.
17﹡Voici, bienheureux l’homme que †Dieu reprend ! Ne méprise donc pas le châtiment du Tout-puissant.
18Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent.
19En six détresses il te délivrera, et, dans sept, le mal ne t’atteindra pas.
20Dans la famine il te délivrera de la mort, et, dans la guerre, de la puissance[7] de l’épée.
21Tu seras à couvert du fouet de la langue, et tu ne craindras pas le désastre quand il viendra.
22Tu te riras du désastre et de la faim, et tu n’auras pas peur des bêtes de la terre ;
23Car tu auras une alliance avec les pierres des champs, et les bêtes des champs seront en paix avec toi.
24Tu sauras que ta tente est prospère, tu visiteras ta demeure[8] et tu n’y trouveras rien de manque,
25Et tu sauras que ta postérité est nombreuse, et tes rejetons, comme l’herbe de la terre.
26Tu entreras au sépulcre en bonne vieillesse, comme on enlève le tas de gerbes en sa saison.
27Voici, nous avons examiné cela ; il en est ainsi. Écoute-le, et sache-le pour toi-même.

* VI. — Et Job répondit et dit :

2Oh ! si mon chagrin était bien pesé, et si on mettait toute[9] ma calamité dans la balance !
3Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers ; c’est pourquoi mes paroles sont outrées ;
4Car les flèches du Tout-puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit ; les frayeurs de †Dieu se rangent en bataille contre moi.
5L’âne sauvage brait-il auprès de l’herbe ? Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?
6Ce qui est insipide, le mange-t-on sans sel ? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un œuf ?
7Ce que mon âme refusait de toucher est comme[10] ma dégoûtante nourriture.
8﹡Oh ! si ma demande s’accomplissait, et si †Dieu m’accordait mon désir,
9S’il plaisait à †Dieu de m’écraser, de lâcher sa main et de me retrancher !
10Alors il y aurait encore pour moi une consolation, et, dans la douleur qui ne m’épargne pas, je me réjouirais de ce que je[11] n’ai pas renié les paroles du Saint.
11Quelle est ma force pour que j’attende, et quelle est ma fin pour que je patiente ?
12Ma force est-elle la force des pierres ? Ma chair est-elle d’airain ?
13N’est-ce pas qu’il n’y a point de secours en moi, et que toute capacité est chassée loin de moi ?
14﹡À celui qui est défaillant est due la miséricorde de la part de son ami, sinon il abandonnera la crainte du Tout-Puissant.
15Mes frères m’ont trahi comme un torrent, comme le lit des torrents qui passent,

  1. les cordes qui retiennent une tente ; comp. És. XXXIII, 20.
  2. ou : la colère.
  3. litt. : les fils de la flamme.
  4. hébr. : El ; voyez la note, Gen. XIV, 18.
  5. ou : habiles.
  6. ou : renversé.
  7. litt. : des mains.
  8. ou : tes parcs.
  9. litt. : ensemble.
  10. ou : est devenu comme.
  11. ou : car je.