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mal qui lui était arrivé et vinrent chacun de son lieu, Éliphaz, le Thémanite, et Bildad, le Shukhite, et Tsophar, le Naamathite ; et ils s’entendirent ensemble pour venir le plaindre et le consoler. 12Et ils levèrent les yeux de loin, et ils ne le reconnurent pas ; et ils élevèrent leur voix et pleurèrent, et ils déchirèrent chacun sa robe et répandirent de la poussière sur leurs têtes [en la jetant] vers les cieux. 13Et ils s’assirent avec lui à terre sept jours et sept nuits, et nul ne lui dit une parole, car ils voyaient que sa douleur était très-grande.

* III. — Après cela, Job ouvrit sa bouche et maudit son jour. 2Et Job prit la parole et dit :

3Périsse le jour auquel je naquis, et la nuit qui dit : Un homme a été conçu !
4Ce jour-là, qu’il soit ténèbres ; que †Dieu[1] ne s’en enquière pas d’en haut, et que la lumière ne resplendisse pas sur lui !
5Que les ténèbres et l’ombre de la mort le réclament ; que les nuées demeurent sur lui ; que ce qui assombrit les jours le terrifie !
6Cette nuit-là, que l’obscurité s’en empare ; qu’elle ne se réjouisse point parmi les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans le nombre des mois !
7Voici, que cette nuit-là soit stérile ; que les cris de joie n’y entrent pas !
8Que ceux qui maudissent le jour la maudissent, ceux qui sont prêts à réveiller Léviathan !
9Que les étoiles de son crépuscule soient obscurcies ; qu’elle attende la lumière, et qu’il n’y en ait point, et qu’elle ne voie pas les cils de l’aurore !
10Parce qu’elle n’a pas fermé les portes du sein qui m’a porté[2], et n’a pas caché la misère de devant mes yeux.
11﹡Pourquoi ne suis-je pas mort dès la matrice, n’ai-je pas expiré quand je sortis du ventre ?
12Pourquoi les genoux m’ont-ils rencontré, et pourquoi les mamelles, pour les téter ?
13Car maintenant je serais couché et je serais tranquille, je dormirais : alors j’aurais du repos,
14Avec les rois et les conseillers de la terre qui se bâtissent des solitudes[3],
15Ou avec les princes qui ont de l’or, qui ont rempli d’argent leurs maisons ;
16Ou, comme un avorton caché, je n’aurais pas été, — comme les petits enfants qui n’ont pas vu la lumière.
17Là, les méchants ont cessé leur tumulte, et là ceux dont les forces sont épuisées par la fatigue sont en repos ;
18Les prisonniers demeurent ensemble tranquilles, ils n’entendent pas la voix de l’exacteur ;
19Là sont le petit et le grand, et le serviteur libéré de son maître.
20﹡Pourquoi la lumière est-elle donnée au misérable, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme,
21À ceux qui attendent la mort, et elle n’est pas là, — qui la cherchent plus que des trésors cachés,
22Qui se réjouissent jusqu’aux transports [et] sont dans l’allégresse parce qu’ils[4] ont trouvé le sépulcre, —
23À l’homme de qui le chemin est caché et que †Dieu a enfermé de toutes parts ?
24Car mon gémissement vient avant mon pain, et mes rugissements débordent comme des eaux.
25Car j’ai eu une crainte, et elle est venue sur moi, et ce que j’appréhendais m’est arrivé.
26Je n’étais pas en sécurité, et je n’étais pas tranquille ni en repos, et le trouble est venu.

* IV. — Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

2Si nous essayons de t’adresser une parole, en seras-tu irrité ? Mais qui pourrait se retenir de parler ?
3Voici, tu en as enseigné beaucoup, et tu as fortifié les mains languissantes ;
4Tes paroles ont tenu droit celui qui chancelait, et tu as affermi les genoux qui ployaient ;
5Mais maintenant [le malheur] est venu sur toi, et tu es irrité ; il t’atteint, et tu es troublé.
6Ta crainte [de Dieu] n’est-elle pas ta confiance, et l’intégrité[5] de tes voies, ton espérance ?
7﹡Souviens-toi, je te prie, qui a péri étant innocent ? et où les hommes droits ont-ils été détruits ?
8Selon ce que j’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment la misère, la moissonnent.
9Ils périssent par le souffle de †Dieu, et sont consumés par le souffle de ses narines.
10Le rugissement du lion et la voix du [lion] rugissant [sont étouffés], et les dents des jeunes lions sont brisées ;
11Le fort lion périt faute de proie, et les petits de la lionne sont dispersés.
12﹡Une parole vint à moi secrètement, et mon oreille en saisit la susurration,
13Au milieu des pensées que font naître les visions de la nuit, quand un sommeil profond tombe sur les hommes ;
14La frayeur vint sur moi, et le frisson, et elle fit trembler la multitude de mes os ;
15Et un esprit passa devant moi : les cheveux de ma chair se dressèrent.
16Il se tint là ; je ne reconnus pas son apparence : une forme était devant mes

  1. hébr. : Éloah ; voyez la note, Deut. XXXII, 15.
  2. litt. : de mon sein.
  3. ou : qui rebâtissent des édifices ruinés.
  4. ou : lorsqu’ils.
  5. litt. : perfection ; voyez la note, I, 1.