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LXXXIX
INTRODUCTION.

était distinguée comme sa patrie. Son éducation fut digne de sa naissance. Jeune encore, et par amour de la science, il visita l’Égypte, mère des superstitions grecques, et sanctuaire renommé de la philosophie religieuse. Il était dans une ville de ce pays, à Héliopolis, comme il nous l’apprend lui-même, lorsque apparut cette éclipse miraculeuse par où fut annoncée au monde la mort du Seigneur. De retour en sa patrie, son mérite, autant que son origine illustre, lui ouvrit la carrière des charges publiques, et il fut successivement élu archonte et membre de l’Aréopage. C’est au sein de ces honneurs, légitime récompense d’une sagesse mondaine, que la grâce de Dieu vint le saisir au cœur et lui révéler une meilleure sagesse, source d’une plus désirable gloire. Déposé en cette conscience loyale, le germe heureux de la parole évangélique se développa rapidement, et devint plus tard un arbre couvert de verdure et de fleurs, à l’ombre duquel se vinrent reposer dans la foi et dans la charité des âmes fatiguées par le doute et par le crime. Effectivement, plein du désir de réparer une vie de quarante ans dispersée dans l’erreur et l’iniquité, et aspirant à louer Dieu, son Sauveur, par des œuvres parfaites, il entra dans sa vocation chrétienne avec une ardeur excitée et nourrie par le souvenir du passé et par les espérances d’un avenir immortel.

Assurément cette conversion subite et éclatante émut la ville. Il est donc permis de penser que la foi du néophyte fut soumise à quelques épreuves, et que ses compatriotes, ses amis et ses parents, ne lui épargnèrent pas les contradictions, les railleries et les injures : c’est là ce qui manque le moins aux chrétiens. On rapporte communément à cette époque de la vie de saint Denys, la discussion qu’il eut avec Apollophane, son ancien ami, et qu’il rappelle dans sa lettre à saint Polycarpe. Comme le courage et les forces du soldat s’augmentent parmi les périls et les fatigues de la guerre, la vertu s’accroît parmi les difficultés qu’elle rencontre. Qu’on joigne à cette condition naturelle de progrès, les instructions du saint personnage