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LXXXIII
INTRODUCTION.

devraient rendre cher aux théologiens ; la physionomie de ses écrits, qui semblent avoir servi de modèle aux productions de l’école d’Alexandrie, et la gravité des questions qu’il traite, devraient lui concilier l’attention de ceux qui aiment et étudient les doctrines antiques et élevées. Ce serait pour tous un curieux spectacle, et peut-être un enseignement utile de voir comment le dogme chrétien, au lieu d’attendre que la philosophie entreprît de l’élever doucement jusqu’à elle, descendit, avec la conscience de son incontestable supériorité, sur le terrain de sa rivale, éclaira de sa lumière ce pays de ténèbres palpables, introduisit l’ordre au sein de l’anarchie intellectuelle, et remplit de sa vie puissante les formules mortes de la science humaine. On constate et l’on décrit les évolutions que les intelligences accomplissent dans l’erreur, et des extravagances quelquefois énormes ne manquent pas d’éloquents interprètes ; d’où vient qu’on néglige d’observer le retour d’un esprit aux saines doctrines, et son mouvement fécond dans la vérité ?

Toute grâce excellente, tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières. C’est par ces mots inspirés que saint Denys ouvre le traité de la hiérarchie céleste, placé en tête de ses autres écrits ; c’est par ces mots également qu’il convient de débuter dans l’appréciation de ses doctrines.

Oui, tout bon livre, comme toute bonne action, a son principe en Dieu, qui fait à la ténébreuse indigence de nos esprits l’aumône de sa splendide lumière, et arme d’un courage surnaturel nos cœurs originellement lâches et pervers. Sans cet élément fécond et vital, l’homme s’agiterait en vain dans l’obscurité de son ignorance et dans l’ignominie de ses penchants, capable seulement de quelques rares accès de vertu païenne, mais totalement impuissant à mériter la gloire des cieux. Car il n’y a de salut que par le nom du Seigneur, et on ne peut prononcer ce nom que par le Saint-Esprit. La grâce est accordée à tous les hommes ; car Dieu est le Père de l’humanité entière, qu’il