Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LXIV
INTRODUCTION.

Bessarion, et comment elle lui donna droit d’intervenir dans la querelle ardente qui s’éleva au quinzième siècle touchant le mérite comparatif d’Aristote et de Platon[1]. Dans un livre qu’il composa pour la défense de ce dernier, il nomme saint Denys père de la théologie chrétienne ; et plus loin : « Il fut le premier, dit-il, et le plus distingué de nos théologiens ; il n’eut pour prédécesseur que saint Paul et Hiérothée, dont il reçut les leçons[2].

Marsile Ficin, habile helléniste, érudit consommé, et qui, outre ses traductions de Platon et de Plotin, a laissé plusieurs écrits philosophiques, ne doute nullement de l’authenticité des livres attribués à saint Denys. « Je suis convaincu, écrit-il, que Numénius, Philon, Plotin, Jamblique et Proclus ont fait des emprunts à Jean, à Paul, à Hiérothée, à Denys l’Aréopagite. C’est à cette source qu’ils puisèrent ce qu’ils ont dit de sublime touchant la divinité, les anges et les autres sujets que traite la théologie[3]. »

Pic de la Mirandole, dont la facilité précoce et la vive intelligence jouissent encore d’une célébrité proverbiale, tenait en haute estime les doctrines de saint Denys. Il le cite avec admiration, et le confond avec cet Aréopagite dont il est parlé aux Actes des apôtres[4].

Enfin le concile de Florence, huitième général, couronne les graves témoignages de ce temps, en approuvant le récit de Siméon Métaphraste, dont nous avons parlé ; car il admet ainsi l’authenticité des œuvres d’où ce récit est tiré.

Si le seizième siècle nous a suscité des adversaires, il nous a aussi donné des patrons. On connaît déjà Guillaume Budé. Il avait profondément étudié, et il goûtait la philosophie de saint Denys. Les marges de l’exemplaire qui lui avait appartenu étaient enrichies de notes savantes desti-

  1. Mém. de l’Acad. des Inscript., t. II et III.
  2. Adversùs insectat. Platonis, lib. I, cap. 7.
  3. De Relig. christianâ.
  4. Pic de la Mirandole, lib. de ente et uno, cap. 5.