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LIV
INTRODUCTION.


émit la même opinion. De plus, il enrichit de pieuses et savantes notes les œuvres du docteur apostolique. On accordera sans doute du respect et de la confiance au sentiment défendu par Maxime, quand on saura que les critiques, Photius entre autres, ont loué sa science, comme les hagiographes, sa sainteté. Il est vrai que Scaliger vint au seizième siècle déclarer, avec une remarquable aménité de langage, que cet homme ne fut qu’un ignorant. Car est-ce qu’un saint, surtout quand il est moine, peut savoir quelque chose ?

Mais le philologue protestant eût dû étendre le bénéfice de sa spirituelle réfutation à beaucoup d’autres intelligences, qui méritaient bien un calembourg. Ainsi le pape Martin Ier, en plein synode de Latran, pour démontrer le dogme catholique et réfuter le monothélisme par l’enseignement universel des anciens Pères, invoque, parmi beaucoup d’autres autorités, celle de saint Denys d’Athènes. « L’illustre Denys, dans son livre des Noms divins, nous apprend que le Seigneur fut formé du pur sang d’une Vierge, contrairement aux lois de la nature, et qu’il foula les flots d’un pied sec, sans que leur mobilité cédât sous le poids de son corps. Et il dit encore dans sa lettre à Caïus : Le Seigneur s’abaissant jusqu’à notre substance, lui a communiqué la supériorité de son être, etc.[1]. » Et le concile de Latran, composé de cent quatre évêques (année 649), entendit ces citations faites par l’ordre du pape, et les approuva et en tant qu’elles expriment le dogme catholique, et en tant qu’elles venaient de saint Denys l’Aréopagite. « Le très-saint et bienheureux Martin, évêque de la sainte Église catholique et apostolique de la ville de Rome, dit : que ceux qui ont cette charge, apportent le volume de saint Denys, évêque d’Athènes. Théophylacte, primicier des notaires du Saint-Siége apostolique, dit : selon l’ordre

  1. Cf. act. Synod. Laier., Secret. 1 et 3, t. VI. Conc. Labb. et Cossan. Dionys., de Div. nom., cap. 2, et Epist. ad Caïum.