Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LIII
INTRODUCTION.


règne de Constantin, et il compte parmi eux notre auteur : « Ces docteurs, dit-il, furent Ignace, surnommé Théophore, Irénée, Justin, philosophe et martyr, Clément et Hippolyte, évêques de Rome, Denys l’Aréopagite, Méthodius de Patare, Grégoire Thaumaturge, etc.[1]. » Anastase écrivit des réflexions mystiques sur l’œuvre des six jours : là, il rappelle en ces termes un passage du livre des Noms divins : « Ce Denys, célèbre contemporain des apôtres, et versé dans la science des choses divines, enseigne en sa sublime théologie que le nom donné par les Grecs à la divinité signifie qu’elle contemple et voit tout[2].

Le grand pape saint Grégoire, qui éclaira du feu de son génie et de sa charité les dernières années de ce même siècle, explique quelques fonctions des esprits bienheureux avec les propres paroles de saint Denys, et en le nommant ancien et vénérable Père : Dionysius Areopagita, antiquus videlicet et venerabilis Pater[3].

Le septième siècle tout entier est plein de la gloire de saint Denys. Les meilleurs écrivains, de saints évêques, des papes et des conciles, l’Orient et l’Occident le proclament l’auteur des livres que nous possédons aujourd’hui sous son nom. Pas une voix discordante ne rompt l’unanimité solennelle de ce concert. L’hérésie elle-même invoque ou subit cette autorité incontestée.

Rappelons d’abord le philosophe et martyr saint Maxime, contemporain de l’empereur Héraclius. Ami généreux de la vérité, il s’enfuit de la cour qu’infectait l’hérésie, embrassa la vie monastique, soutint sa foi par ses écrits, et souffrit persécution pour elle. Or, dans la célèbre conférence où il convertit le monothélite Pyrrhus, il cita, sans hésitation de sa part et sans réclamation de son interlocuteur, l’autorité de Denys l’Aréopagite. Dans son livre des initiations ecclésiastiques (de ecclesiasticâ mistagogia) ; il

  1. Lib. de Sectis, act. 3.
  2. Anast. Sinaït., Hexamer., lib. XVII.
  3. Homil. 34, in Luc, cap. 15, de dragmâ perditâ.