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XLIX
INTRODUCTION.


précédemment exposées. C’est pourquoi il suffit qu’on s’en tienne aux trois points de vue indiqués, et qu’on apprécie à leur juste valeur la force d’esprit et la probité des savants que nous citerons, leur nombre, et la continuité, la constance de leurs suffrages.

Afin d’établir, parmi cette foule de textes, un ordre qui donne à la discussion de la lucidité, nous croyons devoir rappeler les témoignages des érudits, en suivant le cours des siècles, et descendant de l’époque où nous plaçons saint Denys jusqu’au temps où nous sommes.

Telles sont donc les dépositions de la science, tel est le jugement de la critique sur la question qui se débat ici.

Aucun texte ne se rencontre dans les écrits des plus anciens Pères, qui établisse positivement et péremptoirement l’authenticité des livres attribués à saint Denys l’Aréopagite. Cependant Guillaume Budé, nommé savant par les savants eux-mêmes, et qui, à une époque où l’étude du grec sévissait comme une épidémie sur toute l’Europe, était proclamé par Érasme et Scaliger, ses rivaux, le plus grand helléniste de la Renaissance, un vrai phénix qui ne devait jamais renaître de ses cendres ; Budé, disons-nous, pensait que saint Ignace, saint Grégoire de Nazianze, saint Jérôme, avaient eu quelque réminiscence des doctrines de saint Denys. Effectivement ces docteurs parlent des hiérarchies célestes dans les mêmes termes que notre auteur[1]. Or, comme celui-ci traite au long cette matière que ceux-là se bornent à effleurer, il est probable qu’il n’a pas été le copiste, mais que l’initiative lui appartient. Ce qui appuierait cette conclusion, c’est que saint Grégoire ajoute à sa citation ce mot révélateur : Quemadmodum quispiam alius majorum et pulcherrimè philosophatus est, et sublimissimè ; et qu’une foule de passages montrent clairement qu’il lisait et imitait saint

  1. Ignat., Epist. ad Trallens. — Greg. Naz. orat. 38, apud Collect. Select. Patr., t. I. — Hieron., lib. II, adv. Jovinia.