Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLVIII
INTRODUCTION.

alors les mots n’ont plus aucun sens fixe, et la parole d’un homme ne saurait jamais être le reflet de sa pensée.

On a vu que les doctrines, le style, les assertions, le caractère de l’auteur des livres attribués à saint Denys, prouvent assez bien qu’ils ne sont pas apocryphes. Tels sont donc les titres d’origine que ce monument porte en lui-même.

Venons maintenant à la conviction des érudits sur cette matière : leurs témoignages donneront à notre sentiment un haut degré de probabilité, peut-être une certitude morale.

§ 2.
Preuves extrinsèques.

Un livre est-il ou n’est-il pas de tel auteur ? C’est là une question de fait. Par suite elle peut et doit se résoudre, comme toutes les questions de fait, par le témoignage. De là vient qu’outre les caractères d’authenticité ou de supposition qu’un monument littéraire présente par lui-même, il existe un autre ordre de documents qui éclairent et dirigent les critiques : ce sont les assertions des contemporains ou des hommes graves, qui ont consciencieusement étudié la matière et pris une opinion.

Or, trois choses donnent surtout du poids aux témoignages : la valeur intellectuelle et morale de ceux qui prononcent, le nombre des dépositions, et la constance avec laquelle les siècles réclament contre quelques rares contradicteurs. En général, on doit apprécier aussi la force des motifs qu’exposent parfois les défenseurs d’un sentiment. Mais dans l’espèce, nous n’avons pas à nous préoccuper de cette face de la question, soit parce qu’il nous serait impossible de découvrir les raisons qui en fait déterminèrent nos patrons, soit parce qu’elles furent sans doute identiques avec celles que nous avons nous-mêmes