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LETTRE IX.

bilité et garde sa stabilité parmi les opérations de sa providence.

IV. Mais que signifient les mets et les breuvages ? Car il est dit que la sagesse, dans sa bonté, offre l’un et l’autre à ses convives. Je crois donc que les aliments solides sont la figure de la perfection spirituelle, de l’immuable constance dans le bien. C’est aux âmes intérieures placées en cet état, élevées à une science fixe, puissante, absolument pure de toute conception matérielle et admises à la participation des choses divines, que le bienheureux Paul distribuait la nourriture forte qu’il avait reçue de la sagesse même. Les breuvages symbolisent le fleuve de la doctrine qui se répand avec abondance et amour sur toutes choses, et qui s’attempère charitablement à ceux qu’elle nourrit, et au moyen du multiple et du variable les élève à la simple et immuable connaissance de Dieu. De là vient que les enseignements spirituels de Dieu sont comparés à la rosée, à l’eau, au lait, au vin et au miel : ainsi, leur fécondité est désignée par l’eau ; par le lait, leur énergie à donner accroissement ; par le vin, leur aptitude à rendre la vigueur ; par le miel enfin, leur propriété de purifier et de conserver. Voilà ce que la divine sagesse distribue à ses serviteurs : voilà le fleuve sans cesse jaillissant des immenses délices qu’elle leur prépare. C’est véritablement là s’enivrer de la joie des banquets, et on attribue avec raison à la sagesse le privilége de vivifier, de nourrir, de renouveler et de parfaire.

V. C’est en ce sens mystique qu’on dit que l’auteur de tous les biens, que Dieu s’enivre ; et l’on veut marquer ainsi la plénitude parfaite et l’immensité ineffable de la jouissance, ou, pour mieux dire, de