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LETTRE VIII.


partient pas aux diacres, bien qu’ils vous soient supérieurs, il n’appartient pas à un moine tel que vous de censurer un prêtre, lors même qu’il semble ne pas traiter les choses divines avec respect, lors même qu’il est sorti de la ligne du devoir. Car, si la transgression des lois et des commandements célestes est une laideur et un désordre, ce n’est pas une raison de renverser par amour de Dieu la dépendance hiérarchique que Dieu même a établie. Dieu n’est pas divisé contre lui-même : car autrement son royaume pourrait-il subsister[1] ? Si le jugement est au Seigneur, comme disent les Écritures[2], et si les prêtres, après les évêques, sont anges et interprètes des jugements divins, c’est d’eux, par la médiation des diacres, que vous devez apprendre en temps opportun les secrets d’en haut, comme c’est d’eux que vous avez reçu la consécration monastique. Et n’est-ce pas là ce que proclament les rites symboliques de la hiérarchie ? Car tous ne sont pas admis à nos saints mystères avec une faveur égale ; les évêques sont au premier rang ; puis viennent les prêtres et ensuite les diacres. Hors de l’enceinte réservée aux clercs se trouvent les moines ; c’est là, c’est près des portes qu’on les initie ; c’est près des portes qu’ils se tiennent, non qu’ils en soient les gardiens, mais parce que telle est leur place, et pour leur apprendre qu’ils font plutôt partie du peuple que des ordres sacrés. C’est pourquoi, d’après les sages constitutions de l’Église, les moines sont appelés à la participation des choses saintes, mais le soin de les administrer est confié à d’autres, à ceux du sanctuaire : car ceux qui environnent avec piété l’autel, voient et enten-

  1. Matt., 12, 25.
  2. Isai., 30, 18 ; Rom., 2, 16 ; Malach., 2, 7.