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AU MOINE DÉMOPHILE.


tient de leur reprocher le passé, se contente de leur conversion actuelle, et parmi les douceurs de cette fête, il appelle ses amis, qui sont les bons, afin que sa maison se remplisse d’une allégresse unanime[1]. Là, si Démophile, ou quelque autre, trouve la clémence odieuse, on lui adresse de légitimes reproches ; on lui apprend ce que c’est que le bien et à se convertir à la bonté. Ne fallait-il pas, lui dit-on, que celui qui est bon se réjouît du salut de ceux qui étaient perdus, et de la vie de ceux qui étaient morts ? Enfin il prend sur ses épaules la brebis nouvellement convertie et invite à la joie les bons anges ; il est généreux envers les ingrats, fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et donne sa vie même pour ceux qui le fuient[2].

Mais vous, comme il apparaît par votre lettre, vous avez odieusement repoussé, en vertu de je ne sais quel droit, celui que vous nommez un impie et un pécheur, et qui se jetait aux pieds du prêtre en votre présence ; puis, comme il suppliait avec humilité, comme il confessait n’être venu que pour chercher la guérison de ses maux, vous, vous avez eu l’impudeur d’attrister par d’injurieuses paroles ce bon prêtre, parce qu’il accueillait le repentir, et qu’il jugeait un pécheur digne de miséricorde. Enfin vous avez dit au prêtre : « Sors d’ici avec tes pareils ; » et contre toute loi, vous avez fait invasion dans le sanctuaire et enlevé les redoutables mystères. Et vous osez nous écrire : « J’ai sauvé les choses saintes d’une profanation imminente, et je prends soin de les conserver dans leur pureté ! »

Voici donc notre jugement sur ce point : il n’ap-

  1. Matt., 11 ; Luc., 15.
  2. Matt., 5, 45. — Joan., 10, 11.