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À POLYCARPE.


reviendront discuter sur le même objet. Mais au contraire, si on établit positivement une assertion de sorte qu’elle puisse braver les attaques des adversaires, alors tout ce qui lui est absolument opposé tombera de lui-même devant l’immuable persistance de la vérité prouvée. C’est par suite de cette conviction, à mon avis, fort judicieuse, que je n’ai pas tenu beaucoup à discuter contre les Grecs et les autres gentils : ce m’est assez, si Dieu te permet, de connaître la vérité d’abord, et puis de l’exposer comme il convient.

II. Vous dites que le sophiste Apollophane m’injurie, et me nomme parricide, parce que j’aurais manqué de piété filiale en me servant contre les Grecs de ce que j’ai appris des Grecs. Mais nous pourrions à plus juste titre reprocher aux Grecs d’abuser des dons de Dieu contre Dieu même, puisqu’ils appliquent à détruire son véritable culte par la sagesse qu’ils ont reçue de lui. Et je ne veux pas seulement flétrir les erreurs de la multitude qui s’attache avec grossièreté et convoitise aux fictions des poëtes, et adresse son adoration à la créature plutôt qu’au Créateur ; je dirai de plus qu’Apollophane fait un étrange usage des choses divines en parlant de Dieu : car cette science des êtres à laquelle il donne lui-même le beau nom de philosophie, et que le divin Paul appelle sagesse de Dieu, devrait élever les vrais philosophes vers celui qui est l’auteur de la nature et de la connaissance que nous en avons. Et pour ne pas entreprendre, contrairement à mon dessein, la réfutation d’Apollophane ou d’aucun autre, je dis simplement que lui, homme sage, sait sans doute que l’ordre et le mouvement des cieux ne peuvent jamais subir d’altération, si ce n’est par l’impulsion de celui qui les a créés