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CHAPITRE XIII.


créatures, se conçoit comme nombre, et tout nombre participe à l’existence. Mais l’unité sur-essentielle détermine et la raison de l’unité et tout nombre créé ; et elle est le principe, la cause, la mesure et l’ordre de l’unité, du nombre et de tout ce qui existe. Et quoique l’on approprie à la divinité qui dépasse toutes choses les noms d’unité et de Trinité, toutefois cette Trinité et cette unité ne peuvent être connues de nous, ni d’aucun être : mais afin de glorifier saintement cette essence indivisible et féconde, nous désignons par les noms divins de Trinité et d’unité ce qui est plus sublime qu’aucun nom, plus sublime qu’aucune substance. Car il n’est ni unité, ni Trinité ; il n’est ni nombre, ni singularité, ni fécondité ; il n’est ni aucune existence, ni aucune chose connue qui puisse dévoiler l’essence divine si excellemment élevée par-dessus toutes choses, dévoiler un mystère supérieur à toute raison, à toute intelligence : et Dieu ne se nomme pas, et ne s’explique pas ; sa majesté est absolument inaccessible. Même si on l’appelle bon, ce n’est pas que ce titre soit parfaitement digne de lui ; mais c’est que par le désir de concevoir et d’exprimer quelque pensée touchant cette ineffable nature, on lui consacre principalement la plus auguste de toutes les dénominations. Ce langage est parfaitement conforme à celui des Écritures ; et pourtant il est loin de reproduire toute la vérité. De là vient que les théologiens ont préféré s’élever à Dieu par la voie des locutions négatives ; parce qu’ainsi l’âme se dégage des choses matérielles qui l’étreignent ; quelle pénètre à travers les pures notions qu’on peut avoir de la divinité, et par delà lesquelles réside celui qui dépasse tout nom, toute raison, toute connaissance ; et qu’enfin elle s’unit in-