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DES NOMS DIVINS.


discerne les inclinations et les pensées du cœur[1], ou, pour mieux dire, tout ce qui existe : car nulle créature n’est invisible à ses yeux. Conçue ainsi, cette exiguité ne saurait se mesurer, ni s’apprécier ; elle est invincible, illimitée, infinie ; rien ne la contient, et elle embrasse toutes choses.

IV. On attribue à Dieu l’identité, parce qu’il est éternel par essence, qu’il demeure toujours en lui, et subsiste inaltérablement, et se trouve présent à tout d’une façon constante ; parce qu’en vertu de sa force propre, il règne assis pour jamais sur le trône glorieux et paisible de son immutabilité incomparable ; parce qu’il ne peut ni changer ni déchoir, et qu’il est fort, invariable, pur, immatériel, indépendant, et qu’il n’éprouve ni accroissement, ni diminution ; parce qu’il n’est pas engendré ; et ici je ne veux point dire que sa génération doive un jour s’opérer ou qu’elle ne soit pas encore parfaite ; je ne veux pas seulement nier qu’il ait tel principe ou qu’il soit lui-même tel produit ; je ne veux pas marquer non plus qu’il n’existe nullement ; mais j’entends qu’il ne reconnaît ni naissance, ni origine aucune, qu’il est éternel, essentiellement parfait, toujours le même, trouvant en lui son immuable et uniforme raison d’être. On lui attribue encore l’identité, parce que c’est lui qui fait reluire cette perfection en toutes les créatures capables de la recevoir ; qui ordonne entre elles les choses diverses, et qui, source féconde et cause suréminente d’identité, possède éternellement tous les contraires dans l’unité indivisible de sa souveraine essence.

V. La diversité est affirmée de Dieu, parce que sa

  1. Hebr., 4, 12.