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XXXIX
INTRODUCTION.


On ne voit donc pas bien comment les détails, peu compliqués d’ailleurs, dans lesquels entre le rituel de saint Denys, font échec à notre sentiment.

4o  Enfin Joseph Scaliger, avec une politesse renforcée pour lui, et un grand luxe d’injures pour ses antagonistes, se félicite d’avoir découvert une preuve irréfutable de supposition dans ce que notre auteur raconte de la consécration et de la vie des moines[1]. Je ne veux pas rapporter les inconvenantes paroles dont le littérateur protestant a souillé sa plume. Il paraît que, dès ce temps-là, des hommes d’un esprit même distingué prenaient de lâches épithètes pour des arguments sans réplique, et au nom de la tolérance philosophique, vous couvraient d’outrages, ou vous noircissaient de calomnies pour faire voir qu’ils avaient raison. Je ne reproduis que l’argumentation, en observant toutefois que plusieurs critiques, séduits sans doute par le nom du célèbre philologue, se sont rangés à son avis. Donc, d’après eux, l’état monastique ne fut institué que longtemps après saint Denys, par les Paul, les Antoine et les Pacôme ; les cérémonies de la profession et l’habit monacal ne sont mentionnés dans l’histoire ecclésiastique qu’au cinquième siècle. D’où il suivrait que le traité de la hiérarchie ecclésiastique ne remonte qu’à cette époque[2].

Sous une apparence peut-être spécieuse, cette objection cache une faiblesse réelle. Pour en convaincre, nous remarquerons que les disciples des Antoine et des Pacôme, ou, si l’on veut, les moines du cinquième siècle, se nommaient et devaient en effet se nommer spécialement ermites, parce qu’ils habitaient le désert, et cénobites, parce qu’ils vivaient en commun. Or saint Denys s’abstient précisément de désigner ainsi ceux dont il parle. Il les appelle constamment moines et thérapeutes ; et l’étymologie et l’explica-

    Epist. 66. — Cyril. Hieros., catech. 5 Mystag. — Chrysost., in Epist. ad Pilip. — August., Confessiones.

  1. De Eccl. hierar., cap. 6.
  2. Scalig., Elenchus trihæres. Nic. Serarii.