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DES NOMS DIVINS.


cendante ; il puise dans la cause universelle la science des êtres qui ne sont pas encore ; il a connu les anges, avant qu’ils fussent produits, et les a créés ensuite ; et toutes choses enfin lui furent manifestées intimement et dès l’éternité, si je puis dire ainsi, avant qu’elles reçussent l’existence. C’est ce que l’Écriture a voulu enseigner sans doute, quand elle dit que Dieu connaît les réalités antérieurement à leur production[1]. Car l’entendement divin n’étudie pas les êtres dans les êtres eux-mêmes ; mais de sa vertu propre, en lui et par lui, il possède et contient par anticipation l’idée, la science et la substance de toutes choses : non pas qu’il les contemple dans leur forme particulière ; mais il les voit et les pénètre dans leur cause qu’il comprend tout entière. Ainsi la lumière, si elle était intelligente, connaîtrait les ténèbres par avance et en ses propres qualités, les ténèbres ne pouvant se concevoir autrement que par la lumière. Puis donc qu’elle se connaît, la divine sagesse connaît tout ; elle conçoit et produit immatériellement les choses matérielles, indivisiblement les choses divisibles, la diversité avec simplicité, et la pluralité avec unité. Car, si Dieu produit tous les êtres par l’unité de sa force, il les connaîtra tous aussi dans l’unité de leur cause, puisqu’ils procèdent de lui, et préexistent en lui. Et il n’emprunte pas aux choses la science qu’il en a ; mais plutôt il leur donne à toutes de se connaître elles-mêmes et d’être connues l’une par l’autre. Dieu n’a donc pas une connaissance particulière par laquelle il se comprend, et une autre connaissance par laquelle il comprend généralement le reste des êtres ; mais cause universelle,

  1. Dan., 13, 42.