Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
CHAPITRE IV.


autres ; et elle pourvoit à toutes, comme il convient à leur nature respective. Aussi nous réprouvons la parole inconsidérée de quelques-uns qui prétendent que la providence devrait nous entraîner forcément à la vertu ; car ce n’est pas le propre de la providence de violenter la nature. De là vient que, maintenant les êtres dans leur essence, elle veille sur ceux qui sont libres, sur l’univers et sur chacune de ses parties, en tenant compte de la spontanéité, de la totalité ou des particularités, et selon que les objets sont naturellement susceptibles de ses soins pleins de tendresse, qui leur sont toujours départis avec une libéralité splendide, et en des proportions convenables.

XXXIV. Le mal donc n’est point un être, et ne subsiste dans aucun être. Le mal, en tant que mal, n’est nulle part, et quand il se produit, ce n’est pas comme résultat d’une force, mais d’une infirmité. Ainsi l’existence des démons est chose bonne, et elle procède du bien ; le mal pour eux consiste en ce qu’ils sont déchus de leur destination propre, qu’ils n’ont pas su se maintenir immuables dans leur état originel, ni garder dans son intégrité la perfection angélique qui leur était départie. Les démons recherchent le bien quand ils désirent l’être, la vie, l’intelligence ; et quand ils ne désirent pas le bien, ils recherchent ce qui n’est pas : ce n’est point là proprement un désir, c’est plutôt le néant du désir véritable.

XXXV. Remarquons ici, d’après les Écritures, que ceux-là pèchent avec connaissance, qui négligent d’étudier et d’accomplir le bien qu’on ne peut ignorer ; qui savent la volonté du maître et ne la font pas ; ceux encore qui prêtent l’oreille pour écouter, mais sont lâches