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DES NOMS DIVINS.


les instincts, les facultés et l’activité dont on est doué. Et parce que ce qui se produit par génération ne reçoit son perfectionnement qu’avec le temps, il suit que l’imperfection n’est pas toujours une anomalie et une ruine.

XXVI. La nature considérée dans son ensemble ne renferme pas le mal ; car, comme toutes choses trouvent en elle leurs raisons constitutives, il est manifeste que rien ne saurait lui nuire. Il est vrai toutefois que les êtres particuliers rencontrent des choses qui leur sont naturellement conformes, et des choses qui leur sont naturellement hostiles : car chaque nature isolément prise a ses lois, et ce qui convient à l’une peut contrarier l’autre. Le vrai mal, c’est qu’une nature éprouve ce qui la combat, et soit dépouillée de ce qui tient à son essence. La nature n’est donc pas mauvaise, mais cela est mauvais pour la nature, qui l’empêche d’agir dans le sens de ses forces propres.

XXVII. Dans les corps le mal n’existe pas davantage. Car la laideur est bien la privation de la beauté, et la maladie un désordre ; cependant il n’y a pas ici de mal absolu, mais seulement un moindre bien, puisque si toute beauté, toute forme, toute ordonnance avait disparu, le corps lui-même périrait. Le mal de l’âme ne dérive pas non plus du corps, la perversité se pouvant rencontrer en des êtres dépourvus de corps, comme les démons. Ainsi pour tous les êtres, purs esprits, âmes et corps, le mal consiste dans la diminution et la ruine des biens qui leur sont propres.

XXVIII. Bien plus, la matière, en tant que matière, n’est pas mauvaise, comme pourtant on a coutume de l’affirmer ; car elle n’est pas dénuée d’ornement, de beauté et de forme. Et si elle n’a aucune de ces