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CHAPITRE IV.


un non-être ; mais d’autre part, il participe encore au bien en ce sens qu’il garde un reste d’amitié et une manière d’alliance avec ce qui est. Également la fureur tient au bien par le fait de son émotion, et par son désir de redresser et de ramener ce qu’elle estime mauvais à un but qui semble louable. De même celui qui se précipite dans les dérèglements, aspirant à une vie qui le charme, n’est pas totalement déchu du bien, puisqu’il a un désir, le désir de la vie, d’une vie qui lui sourit. Enfin, si vous supprimez tout bien absolument, il n’y a plus dès lors ni substance, ni vie, ni désir, ni mouvement, ni quoi que ce soit.

Si donc par la corruption d’une substance, une autre substance se produit, il ne faut pas l’attribuer à la vertu du mal, mais à la présence d’un bien incomplet. De même la maladie est une altération partielle de l’organisation ; je dis partielle, et non pas totale, parce qu’alors la maladie elle-même aurait disparu. Mais l’organisme subsiste ; et c’est l’anomalie dont il est atteint qui constitue la maladie. Ainsi ce qui ne participe nullement au bien, n’a de subsistance réelle ni en soi, ni dans les êtres ; ce qui tient à la fois du bien et du mal, n’existe que par son côté bon, et s’élève parmi les êtres en raison directe du bien qui lui fut départi. Ou mieux encore, les choses ont plus ou moins d’être, selon qu’elles ont plus ou moins de bien. En effet, ce qui n’emprunte absolument rien à l’être, n’existe aucunement : ce qui tient de l’être par un endroit, et par un autre n’en tient pas, est dépourvu de réalité, en tant qu’il déchoit de l’être éternel ; mais en tant qu’il y participe, la réalité lui est acquise, et c’est même par là que sa perfection et son imperfection se maintiennent, et ne retombent pas dans le néant. De même, le mal,