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CHAPITRE IV.


naisons, et l’harmonie des êtres, les totalités et les parties, la simplicité et la multitude, la liaison des parties, et l’unité des multitudes, et la perfection des totalités. De là la qualité, la quantité et les grandeurs relatives ; l’infinité, les rapports et les différences ; l’immensité, la fin, les limites, et les rangs, et l’excellence. De là la matière, la forme, la substance. De là les puissances ou facultés, les actions, les habitudes, le sentiment, la raison, l’intelligence, la notion, la science et l’union intime. En un mot, tout ce qui est, vient du beau et du bon, subsiste dans le beau et dans le bon, et aspire vers le beau et vers le bon. C’est par lui que toutes choses existent et se produisent, c’est lui que toutes choses recherchent, c’est par lui que toutes choses se meuvent et se conservent. Également pour lui, par lui, en lui subsiste toute cause exemplaire, finale, efficiente, formelle et matérielle, tout principe, toute conservation, toute fin. Enfin tout être vient du beau et du bon ; tout non-être se trouve d’une façon transcendante dans le beau et le bon, principe supérieur à tout principe, fin supérieure à toute fin, parce que de lui, par lui et pour lui toutes choses sont, comme dit l’Écriture[1].

Voilà pourquoi le beau et le bon est pour tous les êtres un objet de désir, d’appétence et d’amour : par lui et en vue de lui, dans l’effusion d’un mutuel amour, les inférieurs aspirent vers les supérieurs, les semblables s’entre-communiquent, les plus excellents s’inclinent vers de moins nobles ; tous se maintiennent avec amour dans l’existence, et ce qu’ils font et veulent, ils le font et le veulent par amour du bon et du beau. Même nous pouvons dire, en restant

  1. Rom., 2, 36.