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CHAPITRE IV.


tion est chose bonne et belle. Le bon et le beau, essentielle unité, est donc la cause générale de toutes les choses belles et bonnes. De là vient la nature et la subsistance des êtres ; de là leur unité et distinction, leur identité et diversité, leur similitude et dissemblance ; de là les contraires s’allient, les éléments se mêlent sans se confondre ; de là les choses plus élevées protégent celles qui le sont moins, les égales s’harmonisent, les inférieures se subordonnent aux supérieures, et ainsi toutes se maintiennent par une immuable persistance en leur condition originelle. De là encore tous les êtres, en raison de leur affinité réciproque, s’influencent, s’adaptent l’un à l’autre, et entrent en parfait accord ; de là l’harmonie de l’ensemble, et la combinaison des parties dans le tout, et l’inviolable maintien de l’ordre et la perpétuelle succession des choses qui naissent et périssent ; de là enfin le repos et le mouvement des purs esprits, des âmes et des corps : car celui-là est repos et mouvement pour tous, qui au-dessus du repos et du mouvement, donne à chaque chose son immuable raison d’être, et lui imprime la direction convenable.

VIII. Or, les pures intelligences sont douées d’un triple mouvement : d’un mouvement circulaire, qui les fait graviter sans cesse vers les splendeurs éternelles du beau et du bon ; d’un mouvement direct, qui les entraîne à des soins providentiels envers les natures inférieures ; enfin, d’un mouvement oblique, qui en même temps les porte vers leurs subalternes, et les maintient glorieusement dans leur invincible tendance vers le beau et le bon, principe sacré de leur persévérance.

IX. L’âme a aussi ce triple mouvement. Son mou-