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DES NOMS DIVINS.


portions et les charmes éblouissants, leur versant, comme un flot de lumière, les radieuses émanations de sa beauté originale et féconde ; parce qu’il appelle tout à lui (ce que les Grecs marquent bien en dérivant ϰαλὸς beau, de ϰαλέω, j’appelle), et qu’en son sein il rassemble tout en tout. Et il est à la fois appelé beau, parce qu’il a une beauté absolue, suréminente et radicalement immuable, qui ne peut commencer ni finir, qui ne peut augmenter ni décroître ; une beauté où nulle laideur ne se mêle, que nulle altération n’atteint, parfaite sous tous les aspects, pour tous les pays, aux yeux de tous les hommes ; parce que de lui-même et en son essence, il a une beauté qui ne résulte pas de la variété ; parce qu’il a excellemment et avec antériorité le fonds inépuisable d’où émane tout ce qui est beau. Effectivement, la beauté et les choses belles préexistent, comme dans leur cause, en la simplicité et en l’unité de cette nature, si éminemment riche. C’est d’elle que tous les êtres ont reçu la beauté dont ils sont susceptibles ; c’est par elle que tous se coordonnent, sympathisent et s’allient ; c’est en elle que tous ne font qu’un. Elle est leur principe, car elle les produit, les meut et les conserve par amour pour leur beauté relative. Elle est leur fin et ils la poursuivent comme leur terme ultérieur ; car c’est pour elle que tout a été fait. Elle est leur exemplaire, et ils ont été conçus sur ce type sublime. Aussi le bon et le beau sont identiques, toutes choses aspirant avec égale force vers l’un et l’autre, et n’y ayant rien en réalité qui ne participe, de l’un et de l’autre. Même, j’oserai bien dire qu’on trouve du beau et du bon jusque dans le non-être ; ainsi quand la théologie désigne excellemment Dieu par une sublime et universelle négation, cette néga-