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CHAPITRE IV.
DU BON ; DE LA LUMIÈRE ; DU BEAU ; DE L’AMOUR ; DE L’EXTASE ; DU ZÈLE ; ET QUE LE MAL N’EST PAS UN ÊTRE, NE PROCÈDE PAS DE L’ÊTRE, NE SUBSISTE PAS DANS L’ÊTRE.

Argument. — I. La bonté est le premier des attributs divins et le principe de toutes choses. II. De la bonté, en effet, proviennent les rangs et les facultés des anges, les âmes et leurs propriétés, les êtres animés et inanimés. III. La bonté est supérieure à tout, comme il paraît en ce qu’elle appelle à l’existence les choses même qui ne sont pas. IV. Elle a créé les cieux et ordonné leur mouvement ; et le soleil, qui attire tout à lui, est sa splendide image. V. Dieu est nommé lumière ; VI, et il est vraiment la lumière intellectuelle et le soleil des esprits. VII. Dieu, également, est beau et la beauté même, parce qu’il possède suréminemment, et par anticipation, la béauté, et que toutes choses belles sont un reflet de sa glorieuse perfection. VIII. Les anges sont doués d’un triple mouvement, IX, qui apparaît aussi dans les âmes. X. Toutes choses sont conservées par le beau et par le bon, où elles aspirent indéfiniment. XI. L’Écriture emploie encore le nom d’amour pour désigner Dieu ; XII, même ce mot, parfois, semble préféré par elle à celui de dilection, que peut-être le vulgaire trouve plus pur. XIII. L’amour est plein d’enthousiasme et de jalousie. XIV. Dieu est à la fois l’amour, le bien-aimé, l’essence et l’objet de la dilection. XV. L’amour est un secret d’union, XVI, et d’ordre parfait ; XVII, et il trouve en Dieu son principe, son moyen et sa fin. XVIII. Comment les démons ne recherchent pas le bon et le beau ; qu’est-ce que le mal ? et d’où vient-il ? XIX. Le mal, d’abord, ne vient pas de Dieu, et tout ce qui existe est bon en tant qu’il existe. XX. Le mal, comme tel, n’est bon à rien ; il porte seulement une apparence de bien qui peut séduire, mais il n’existe pas pur et par lui-même ; il est un accident du bien. XXI. Le mal ne vient pas de Dieu, et il n’est pas en Dieu ; il n’est pas dans les choses elles-mêmes. XXII. Ainsi il n’est pas dans les anges ; XXIII, par conséquent les démons ne sont pas mauvais par nature, mais par une déchéance qui toutefois ne les a pas privés de leurs facultés essentielles. XXIV. Il y a également un certain sens dans lequel on peut dire que le mal atteint nos âmes, mais c’est toujours comme privation et non comme substance ; XXV, il n’existe pas non plus dans les animaux, XXVI, ni dans la totalité de la nature, XXVII, ni dans les corps, XXVIII, ni dans la matière brute. XXIX. Bien plus, la privation n’est pas mauvaise en elle-même. XXX. Le bien est donc la perfection, le mal un défaut. XXXI. Le bien n’a qu’une cause, le mal en a plusieurs. XXXII. Le mal n’est qu’un accident qui survient aux substances. XXXIII. Le mal peut subsister sous l’empire de la Providence, qui l’empêche d’altérer substantiellement les natures qu’il envahit. XXXIV. Il suit donc que le mal n’est ni réalité, ni puissance quelconque. XXXV. Qu’y a-t-il de punissable dans le péché ?