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CHAPITRE III.


Hiérothée remportait sur la plupart de nos maîtres par sa ténacité en ce pieux travail, par la rectitude de son esprit, par la puissance de ses démonstrations et la vertu de ses discours : tellement que nous étions vaincus par l’éclat de ce radieux soleil ! Car nous avons la conscience de nous-même, et certainement nous sommes incapable de bien comprendre ce qu’on peut savoir de Dieu, incapable d’expliquer parfaitement ce qu’on en peut dire. C’est pourquoi tant inférieur à ces hommes parfaits qui possèdent pleinement la vérité théologique, une sorte de religieuse frayeur nous eût empêché de rien entendre et de rien dire touchant la divine philosophie, si nous n’étions convaincu qu’on ne doit pas négliger la science sacrée, à quelque degré qu’on la reçoive. Et ce qui détermine en nous cette persuasion, c’est, d’un côté, le désir inné des esprits qui aspirent avec un insatiable amour à la contemplation des choses surnaturelles ; c’est, d’autre part, la sage disposition des lois divines par où il est à la fois défendu de sonder curieusement les secrets qui nous dépassent, et que nous sommes indignes et incapables de connaître, et ordonné d’apprendre avec zèle et de transmettre avec bonté tout ce qu’il nous est utile et permis de savoir. Pour ces motifs, ni le travail, ni la lâcheté ne nous détourneront de rechercher les choses divines en la mesure de nos forces ; nous ne voudrions pas abandonner sans secours ceux qui ne peuvent encore s’élever à une plus grande hauteur que nous. Ainsi avons-nous été entraîné à écrire ; et nous ne venons pas proposer témérairement des solutions nouvelles, mais seulement diviser et développer par des commentaires moins concis ce que le divin Hiérothée a dit d’une manière plus angélique.