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DES NOMS DIVINS.


n’est-ce pas ce que la théologie a voulu dire, quand elle nous montre la divinité elle-même prononçant ces mots : Pourquoi me nommez-vous bon ? Il n’y a personne de bon que Dieu seul[1]. Or, nous avons examiné et établi ailleurs que toutes les dénominations qui conviennent à Dieu, l’Écriture les applique non pas à quelqu’une des adorables personnes exclusivement, mais bien à la divinité considérée dans toute sa perfection, dans son intégrité et sa plénitude, et qu’elle désigne ainsi sans distinction, sans réserve et d’une façon générale et absolue, l’infinie richesse de l’essence divine tout entière. Effectivement, comme nous l’avons marqué en nos Institutions théologiques, nier que cette parole doive s’entendre des trois personnes à la fois, c’est un blasphème, c’est entreprendre criminellement de déchirer l’unité de leur indivisible nature. L’oracle a donc le sens que nous lui donnons ; car le Verbe qui est la bonté par essence a dit : Je suis bon[2], et le Saint-Esprit est nommé bon dans les chants inspirés du prophète[3].

Si l’on soutient que cette affirmation : Je suis celui qui suis[4], ne s’étend pas à la divinité tout entière ; si on la veut limiter en ne l’attribuant qu’à une seule personne, comment expliquer ce qui se lit ailleurs : Voici ce que dit celui qui est, qui était, qui viendra, le Tout-Puissant[5] ; et encore : Pour vous, vous êtes constamment le même[6] ; et enfin : L’esprit de vérité qui est, et qui procède du Père[7] ?

Et si l’on prétend que la vie n’appartient pas à la Trinité tout entière, comment donc sera vraie cette

  1. Matth., 19, 17.
  2. Ibid., 20, 15.
  3. Psalm., 142, 10.
  4. Exod., 3, 14.
  5. Apoc., 1, 4.
  6. Psalm., 101, 28.
  7. Joan., 15, 26.