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CHAPITRE II.
APPELLATIONS COMMUNES ET PARTICULIÈRES DES PERSONNES DIVINES, ET CE QUE C’EST QU’UNITÉ ET DISTINCTION EN DIEU.

Argument. — I. La bonté, la beauté, la vérité, la sagesse et les autres propriétés absolues, aussi bien que les opérations ad extra, comme dit l’école, doivent être affirmées de toute la Trinité, parce qu’elles conviennent à Dieu à raison de son essence, qui est la même dans les trois personnes. II. Mais comme il ne faut pas affirmer avec distinction les attributs essentiels, ainsi ne faut-il pas affirmer avec confusion les attributs personnels, III, qu’il importe de connaître parfaitement. IV. Ainsi les premiers peuvent se nommer unité ou union en Dieu ; les seconds se nomment distinctions. V. Les personnes en Dieu se distinguent par les relations, mais non par l’œuvre de la création, où Dieu est participé par les êtres finis, non pas substantiellement, mais réellement toutefois. VI. Même cette participation est inégale dans les créatures diverses, à raison de leur incapacité native, non pas à cause de l’imperfection des communications divines. VII. C’est au moyen de ces participations, mystérieux rayonnement de la nature divine dans les choses contingentes, que nous pouvons concevoir la divinité. VIII. Ainsi toutes choses viennent de Dieu, qui est vraiment source de la paternité et de la filiation ; mais on doit remarquer que l’effet représente la cause, mais non pas toute la cause. IX. Au reste, ce qu’il y a de plus incompréhensible dans les œuvres de Dieu, c’est le fait de l’incarnation du Verbe, X, fait inouï qui nous a montré la nature humaine associée à la gloire de la divinité. XI. Enfin, quelle que soit la multiplicité, la diversité des productions, des bienfaits divins, la nature de Dieu garde une identité permanente et une immuable unité.


I. D’après l’enseignement des saintes Lettres, la bonté essentielle est un attribut qui caractérise et fait connaître la nature même de Dieu. Et réellement